Habiter l’infini
Nouvel habitat à l’ère du numérique
Ce projet a été récompensé par le Grand Prix Européen de l’Innovation Le Monde-Smart Cities en avril 2017. (Lire l’article du Monde)
Il s’agit d’un modèle d’habitat mutualisé inter-générationnel qui n’est ni un habitat participatif, ni un habitat communautaire mais un habitat où la surface de la sphère intime est réduite au profit d’une grande variété d’espaces mutualisés gérés par le numérique. Cela permet à la fois d’augmenter l’espace de vie et de mieux rentabiliser l’espace construit tout en favorisant le lien social.
L’évolution des mœurs et des modèles familiaux conjuguée aux crises démographiques, écologiques et économiques nous ont amené à re-questionner les modes d’habiter. Nous avons pris appui d’une part sur les expérimentations passées et présentes (habitat mutualisé, habitat participatif etc) et d’autre part sur les opportunités offertes par l’évolution des techniques.
L’arrivée du numérique dans les espaces physiques, le bâtiment (smart-building) et la ville (smart-city), fait apparaître de nouvelles opportunités. Elle permet, entre autres, de libérer la valeur latente par une meilleure organisation du partage, une meilleure gestion temporelle des lieux et une simplification de l’entraide.
L’architecture numérique agit ainsi sur les modalités d’usages qui peuvent être encore améliorées en concevant une architecture physique adaptée. C’est en travaillant autour de ces actions et interactions entre architectures physiques et numériques que nous avons mis au point un habitat qui permet, tout en construisant moins, de répondre mieux aux besoins, d’améliorer la qualité de vie et d’offrir, au cœur des villes, beaucoup plus d’espaces à chacun des habitants.
Ce type d’habitat est écologique, d’une part parce qu’il accroit l’usage des ressources en optimisant chaque mètre carré construit, d’autre part parce qu’il réduit les déplacements. Il favorise les liens intergénérationnels mais demande aussi à repenser et surtout ne pas oublier, certains fondamentaux anthropologiques comme les notions d’appropriation de l’espace, d’intimité, de partage.
Cette nouvelle relation entre architecture physique et numérique est l’occasion de ré-ordonner la cartographie du cyberespace en créant des sous-ensembles en fonction des lieux physiques. Elle s’exprime au travers d’une application qui transforme notre smartphone en boussole numérique capable d’orienter nos recherches d’espace – en fonction des besoins, des envies, du climat, de l’affluence etc – mais aussi d’offrir de nouveaux possibles en terme d’activités, d’usages et d’échanges. Variable dans le temps, notre espace physique se modifie et se circonscrit en temps réel grâce au numérique.
Ouvert vers la ville, l’îlot de bâtiments nouvellement conçu devient un îlot actif, c’est-à-dire qu’il est à la fois consommateur et producteur de ressources existantes ou en devenir (nouveaux services).
Parce que l’acte de construire est un acte d’inscription durable de plus en plus soumis à l’obsolescence et que les constructions neuves ne représentent qu’une infime partie du parc de logements, il est impensable que nous continuions à construire les mêmes habitats sans considérer les mutations sociétales et technologiques en cours dans nos villes.
« Habiter l’infini » est une réponse, un guide pour bâtir des îlots composés de bâtiments-environnements actifs qui reconsidèrent l’acte d’habiter aujourd’hui du point de vue des spécificités de chaque habitant et de leurs facultés d’échange, qui donne du temps au temps et décuple les synergies locales.
Eric Cassar
Calendrier Etudes 2015-2017
Financements EPA Marne et Caisse des dépôts dans le cadre du programme Ecocité 2 – Ville de demain – investissements d’avenir (à partir de juin 2016)
Équipe Arkhenspaces
- Sous la direction d’Eric Cassar en collaboration avec Nicolas Moulin architecte
- Tinhinan Laoubi, Osama Abou Samra, Namyong Kim, Marine Lardé, Mohamed Ali S’habou, Léa Vincent (2016)
- Valentina Bonuglia, Andrea Salaberri (2015)
- Maquette de l’application numérique développée avec I-Porta
Habiter autrement
Présentation du projet Habiter l’infini en 13mn puis débat avec Michel Maffesoli, sociologue et Caroline Reminy (à Leonard:Paris en juillet 2018)
Habiter l’infini : nouveau mode d’habitat dans un smart-building Intervention à l’IRI (Institut de Recherche et d’Innovation) – 40 mn – au Centre Pompidou avec Bernard Stiegler